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Osama, réfugié syrien, devenu auxiliaire ambulancier à Dieulefit

Dieulefit dans la Drôme a été une terre d'accueil pendant la seconde Guerre Mondiale et c'est encore le cas aujourd'hui. Osama et sa femme, qui ont fui la guerre en Syrie et les terroristes de Daech, sont en train d'y reconstruire leur vie.

(Crédit Photo : Philippe Huguen - AFP)

C'est Osama, 43 ans, qui est arrivé le premier en France, il y a trois ans et demi. Son épouse, Shiraz, a dû attendre plus longtemps pour avoir un visa. Osama s'installe d'abord à Lyon, avec son frère, mais les loyers sont chers, il peine à trouver un travail. Une amie dans une association lui parle alors de Dieulefit : "elle me dit "viens à Dieulefit, les gens ici sont très gentils", et c'est vraiment ce que j'ai trouvé en arrivant. Les gens m'aident beaucoup, c'est comme une famille".

La maire de Dieulefit notamment, Christine Priotto, l'aide dans ses démarches. Et elle le recommande à l'entreprise Ambulances Dieulefitoises et Taxis Dieulefitois. A sa tête, Guy Baudrier et ses fils ont du mal à recruter depuis des mois. Ils rencontrent Osama, et c'est une évidence : "il est arrivé, c'est un soleil qui est entré. Le sourire...il rayonnait! Mes fils et moi, on a dit "on se lance, on l'aide, on va participer à sa nouvelle vie."

"J'aime aider les gens malades ou âgés"

Un stage, puis une formation à Lyon, et de l'accompagnement de la part de ses patrons et collègues : voilà Osama auxiliaire ambulancier, lui qui était comptable en Syrie : "je suis très bien dans ce métier. J'aime bien travailler pour aider les gens malades ou les gens âgés."

Aux patients qui lui demandent, Osama dit venir de Syrie, mais il ne s'étend pas sur son histoire. "Ce n'est pas bien de raconter des choses tristes à quelqu'un de malade" explique t'il.

Osama et son épouse ont quitté Alep bombardé pour rejoindre une petite ville voisine dans laquelle ils vivront deux années difficiles : pas d'argent, pas d'eau, pas d'électricité, et Daech qui monte en puissance. 

Un traumatisme toujours présent

Osama travaille dans un hôpital où son frère est chirurgien orthopédiste. Il y voit des horreurs. A l'été 2014, devant la menace grandissante des terroristes, il fuit avec sa famille vers la Turquie. Il leur faudra une journée entière, cachés derrière des lunettes, sous des chapeaux et voiles, pour parcourir les 50 kilomètres qui les séparent de la frontière en évitant les multiples barrages de Daech : "c'était très difficile, vous ne pouvez pas vous imaginer. Toute une journée, sans boire, sans s'arrêter faire pipi, ça a été très difficile."

Osama est traumatisé par ce qu'il a vécu. Il a des angoisses, surtout quand la nuit tombe : "la nuit en Syrie était très difficile. Si il y a un problème, tu ne peux pas bouger, tu ne peux pas voir, tu écoutes. Il y a des bombes, quelqu'un meurt, tu ne peux pas sortir. C'est pour ça, mon angoisse, elle arrive le soir. J'espère que ça va passer".

Osama demande la nationalité française

Osama veut reconstruire sa vie durablement en France. Il n'envisage pas de retour en Syrie. Sa ville, Alep, est en ruine. Sa famille est éparpillée aux quatre coins de l'Europe. Il n'y a plus rien pour lui en Syrie.

Il ne veut pas garder le statut de réfugié, il veut être Français : "peut-être pour me sentir libre...dans mon corps, dans ma tête" explique t'il. Il déposera sa demande de nationalité en avril.

Shiraz, elle, vous coiffera peut-être bientôt dans un salon de Dieulefit. Elle est coiffeuse, et est en train de passer un CAP et de faire des stages pour pouvoir travailler en France.

Osama n'a de cesse de dire merci : "merci la France, merci à tout le monde à Dieulefit. Je n'oublierai pas ce que vous faites pour ma famille." Il a même écrit un poème sur Dieulefit, "mon astre bienfaiteur, ma lumière."

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