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Malaz et son éternel sourire

Malaz Cheikh Al Souk, 18 ans, est apprenti boulanger près de Parthenay. Il a le sourire jusqu’aux oreilles quand il travaille. Il a pourtant vécu des horreurs. Sa famille a fui la guerre civile en Syrie.

Crédit photo : Anthony Hamidovic

Son rire résonne dans le laboratoire de la boulangerie. C’est un rire sincère qui vient du coeur. Il plisse les yeux, remonte les épaules et oublie la pâte à pain sous ses doigts pendant quelques secondes. Malaz Cheikh Al Souk, 18 ans depuis quelques mois seulement, est apprenti boulanger au coeur des Deux-Sèvres près de Parthenay, au Tallud, chez David et Angélique Fèvre. Il adore la pâtisserie aussi, c’est son dada. C’est ce qui le rend heureux. J’aime faire plaisir aux gens avec de bons gâteaux , confie le jeune homme. Son sourire témoigne de sa bonne humeur. Il inspire le respect. Car l’apprenti boulanger et sa famille originaire de Syrie ont vécu bien des horreurs et des guerres avant d’arriver en Deux-Sèvres, en juillet 2017. On se demande comment c’est possible de retrouver le sourire après ce qu’ils ont vécu. Malaz préfère ne pas rentrer dans les détails de son histoire. Il lève les yeux quand il évoque ces bombes qui tombaient du ciel. Il était encore gamin !

L’apprenti avait 9 ans en 2011, au début de la guerre civile Syrienne. La rue se soulève alors contre le régime de Bachar Al-Assad. Les manifestations sont réprimées dans le sang et les morts se comptent déjà par milliers. La famille de Malaz et de nombreux autres Syriens quittent le pays et se réfugient notamment au Liban voisin. Malaz quitte sa maison située à Homs. C’est l’épicentre de la révolution.

Lui, sa soeur jumelle Cédra, leurs petits frères et leurs parents Rima et Nader tentent donc de se reconstruire, en vain. Les réfugiés Syriens sont discriminés au Liban. La politique publique libanaise cherche surtout à se protéger des intrusions étrangères. Alors la famille de Malaz plaque tout, pour la seconde fois. Le papa boulanger Nader abandonne définitivement son métier et ses trois boutiques. C’est un crève-cœur. Malaz l’épaulait au labo, dès l’âge de 10 ans. Mes gâteaux se cassaient la figure, s’amuse-t-il encore.

La famille trouve finalement refuge près de Parthenay. « Les parents étaient très souriants lorsque je les ai rencontrés en septembre 2017, se remémore Vanessa Barbot, habitante d’Azay-sur-Thouet alors bénévole pour l’association Un Toît en Gâtine et par ailleurs chargée d’assistance chez Ima à Niort. Malaz et sa famille gardent le sourire quoiqu’il arrive. Le sourire, c’est leur force. C’est une vraie leçon de vie ! » Vannessa Barbot continue d’épauler la famille, bénévolement, notamment dans leurs démarches administratives. Elle est un repère pour Malaz. L’apprenti forme aussi un solide binôme avec son patron boute-en-train David Fèvre. C’est difficile à décrire. Il faudrait être une petite souris pour observer ces deux grands enfants travailler et se plier en quatre de rire, recouverts de farine.

Ils sont comme deux grands gamins. Ils sont tous les deux rescapés de la vie : l’un des bombardements, l’autre d’une tumeur au cerveau. C’est peut-être pour ça qu’ils s’entendent si bien. Ils ont tous les deux compris à quel point la vie est précieuse. Ils partagent cette même joie de vivre, ce même sourire sur leurs visages. C’est émouvant.

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