Retourner sur la page "Un autre regard"

Les réfugiés sauveront-ils l’agriculture française ?

Photo M. Landaz / L'Obs

Depuis trois ans, l’association Fermes d’avenir propose à des réfugiés une formation solidaire au maraîchage agroécologique.

« Ici, c’est facile d’arroser. En Afghanistan, il faut ramener l’eau des montagnes, c’est très compliqué. » Trois ans après son arrivée en France et l’obtention du précieux statut de réfugié, Ali cultive, récolte, plante. Il fait partie des huit réfugiés du programme compagnonnage de l’association Fermes d’avenir, spécialisée dans le développement de fermes agroécologiques en France. « La chance », comme il dit.

Fondé sur l’apprentissage par la pratique, le programme accueille une trentaine d’élèves. Seul prérequis : disposer d’une expérience dans le domaine agricole. Pendant huit mois, des binômes composés d’un réfugié et d’un non-réfugié sont accueillis dans quatre fermes, partout en France, afin de se former au maraîchage agroécologique. Anne-Lore Leguicheux, chargée de piloter ce programme pour l’association, avance : Le principe du binôme, c’est de partager les compétences. Entre un maraîcher du Sud de la France et du Soudan, les techniques diffèrent et le partage de compétences est donc très intéressant

Ali, en binôme avec Lucas, le débrouillard benjamin du programme, bâche un lopin de terre après y avoir déposé de la paille. Agriculteur de père en fils dans son pays, cet Afghan de 30 ans n’aurait jamais imaginé venir en France pour travailler la terre. Anne-Lore Leguicheux explique :

La formation est née d’un double constat. D’un côté, une exploitation sur deux ne trouve pas de repreneur en France. De l’autre, les réfugiés ont beaucoup de mal à trouver un emploi et 10 % d’entre eux ont déjà une expérience en agriculture.

Plus précisément, dans les centres gérés par SOS Solidarités, association qui appartient au groupe SOS comme Fermes d’avenir, un réfugié sur dix a une expérience agricole et souhaite poursuivre dans cette voie.

Accueillis 24 heures sur 24 dans les fermes, les réfugiés apprennent bien plus qu’un métier. Ils acquièrent les codes socioculturels qui leur permettront de sortir de la survie pour envisager une vie en France. Des cours de français sont également dispensés.

Depuis trois ans, cinquante-sept personnes ont déjà été formées, dont seize réfugiés. Environ un tiers d’entre eux ont ouvert leur propre exploitation à l’issue de la formation. Après deux ans d’errance, c’est désormais ce qu’envisage Ali.

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité Rafraîchir

Enregistrer